Opinion européenne - Dominique Reynié

Diego Melchior, un socialiste qui n’aime pas les frontières (enfin !)

Diego Melchior, étudiant à Sciences-Po Paris, vient d'écrire un commentaire à la suite de la publication de ma note évoquant la crise oligarchique que traverse le mouvement Attac. Lui-même, depuis huit mois, propose un blog qu'il qualifie de "radicalement démocratique, antinationaliste et socialiste". Il offre des dizaines de notes sur de nombreux sujets, l'Europe n'étant pas le seul  thème abordé. L'intérêt des textes de ce blog doit beaucoup à l’engagement qui anime son auteur et, de mon point de vue, l’une des notes les plus représentatives de son esprit est probablement celle intitulée : "La nation : histoire d’une erreur". Bonne lecture !

Question aux altermondialistes sur la marche du monde

Le sommet du G8 qui vient de prendre fin devait considérer trois grands défis : la sécurisation des approvisionnements énergétiques, la prévention des grandes menaces sanitaires et la situation au Proche-Orient. Seules les décisions prises en matière de lutte contre le VIH, le paludisme et la tuberculose paraissent significatives. Dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), les pays viennent de constater leur incapacité à trouver un accord. Sur la question iranienne comme à propos de la Corée du Nord, le Conseil de sécurité des Nations unies est divisé et conséquemment impuissant. Jusqu’à présent, il en va de même pour la nouvelle phase de crise au Proche-Orient. L’Union européenne n’est pas encore parvenue à définir une position spécifique et une stratégie commune –y parviendra-t-elle aujourd’hui à Rome, le mercredi 26 juillet ? Dans le contexte d’une instabilité planétaire croissante, les organisations internationales (G8, OMC, ONU…) et une organisation transnationale (l’Union européenne) ne semblent pas pouvoir orienter le monde. Malgré ces difficultés on ne voit pas quelle autre institution serait en mesure d’agir plus efficacement, sans oublier qu’une bonne partie du problème est de s’accorder sur une définition de l’efficacité. Les institutions internationales ou transnationales évoquées ici sont critiquées avec virulence par les altermondialistes qui ont pris l’habitude de les contester à travers une mise en scène très professionnelle de contre-sommets médiatisés. Ils n’ont pas encore expliqué quel type d’institution ils imaginent pour contenir les tendances au chaos. Quelle assemblée délibérative, désignée selon quelles modalités, agissant selon quels principes et avec quels moyens ? Dans un temps aussi perturbé, il ne fait guère de doute que l’on doit apprendre à gouverner le monde et non plus seulement chacune des nations qui le composent. Dès lors, peut-on se contenter de contribuer à l’affaiblissement des quelques institutions oeuvrant à la régulation du monde au motif qu’elles agissent imparfaitement ? Et que dire du très mauvais coup porté à l’Union, en empêchant l’éclosion du Traité constitutionnel européen qui contient pourtant des avancées substantielles, qu’il s’agisse de la politique étrangère et de sécurité commune (Art. I-16 et I-40) ou du ministre des Affaires étrangères de l’Union (Art. I-28) ? 

Un site combatif, un blog offrant un point de vue libanais sur la politique européenne au Proche-Orient

Dans son commentaire à propos de ma note sur le Proche-Orient, Fabien nous conseille la lecture d'une analyse de Benjamin Anoufa : « Crise israélo-libanaise : que fait l’Europe ? » sur le site Le Taurillon, qui se présente comme un « Magazine eurocitoyen ». La note de Benjamin Anoufa interroge la crédibilité de l’Union dans la crise du Proche-Orient. J’en profite pour vous recommander d’aller visiter ce blog fédéraliste et très combatif. Fabien nous suggère également de découvrir le blog d’un membre du Mouvement des Jeunes Européens résidant au Liban. La présentation du visage de l’Union européenne vue depuis le Liban est instructive. Merci pour ces deux invitations au débat et au partage. La situation est particulièrement complexe. Soyons prudents dans nos analyses, retenus dans nos conclusions. En un mot, sachons redoubler d'effort pour contribuer à une discussion éclairée.

Le Proche-Orient s’embrase, l’Europe désunie est désolante

Une fois encore, tandis qu’une crise majeure secoue le monde, les gouvernants européens ne parviennent pas à surmonter leurs divergences. Face à une nouvelle dégradation de la situation au Proche-Orient, l’absence de diplomatie européenne s’impose au grand jour. Pis, les parties prenantes ont beau jeu d’utiliser la diversité de nos diplomaties nationales pour geler l’influence de l’Europe. Pour autant, cela ne se fait plus au profit des Etats-Unis, comme il y a encore quelques années. Les temps ont changé et la première puissance du monde elle-même n’est plus en mesure de peser comme hier, alors que l’on mesure chaque jour plus précisément que la décision d’envahir l’Irak aura été une erreur de portée historique. Muette aujourd’hui, inaudible en 2003, l’Europe s’efface à l’occasion d’une grande crise politique internationale. Si l’Union devait demeurer ainsi, incapable de peser sur le cours des événements planétaires aussitôt qu’ils prennent un tour plus grave, il sera légitime de s’interroger sur son destin dans un monde de plus en plus agité où l’on devine l’arrivée à maturité de quelques défis redoutables. En agissant séparément et selon des chemins différents, je vois mal comment les nations européennes pourront contribuer efficacement à la pacification du monde et garantir, in fine, la sécurité des Européens.

L'Union européenne lance un concours pour le 50ème anniversaire du Traité de Rome

Les institutions de l'Union ont décidé de lancer un concours de création de logo dans la perspective du 50ème anniversaire du Traité de Rome, signé le 25 mars 1957. Le logo sélectionné deviendra le logo officiel de cet anniversaire et associé comme tel à tous les documents et à toutes les manifestations liés à l'anniversaire. Le gagnant ou la gagnante recevra en outre un prix de 6000 € (4000 € pour le second et 2000 € pour le troisième). Le concours est ouvert à tous. Les pays qui organisent en 2007 des élections nationales importantes pourront profiter de cet anniversaire pour favoriser les questions européennes dans les débats politiques. Il ne faut laisser passer aucune occasion de débattre de notre Union ! (pour plus d'informations).

Où en est la confiance des Européens envers l’Union ?

La dernière vague de l’Eurobaromètre (printemps 2006) offre l’occasion d’observer l’évolution de la confiance dans l’Union européenne depuis la vague précédente (automne 2005). Globalement, la confiance progresse de 3 points : 48% des Européens interrogés déclarent avoir confiance en l’Union européenne, contre 45% six mois auparavant. En moyenne, la confiance est beaucoup plus affirmée chez les Dix nouveaux adhérents (60%) que chez les Quinze anciens membres de l’Union (45%). Dans les pays candidats, la confiance est particulièrement élevée en Roumanie (68%) et en Bulgarie (57%), mais elle est en revanche particulièrement faible en Croatie (38%). Parmi les pays candidats, le niveau le plus bas est mesuré en Turquie (35%) où la confiance recule de 15 points par rapport à la vague de l’automne 2005 (50%). Je reviens aux pays membres pour constater que c’est en Hongrie que la confiance est la plus élevée (70%) et au Royaume-Uni qu’elle est la plus faible (31%). Les pays membres où l’on enregistre un niveau de confiance inférieur à la moyenne européenne sont l’Autriche (43%), la Lettonie (43%), l’Allemagne (41%), la France (41%), la Suède (39%) et le Royaume-Uni. D’un autre côté, bien que très faible, le niveau de confiance dans l’opinion britannique est en augmentation de 6 points par rapport à la vague précédente. En Suède l’augmentation est de 9 points, en Allemagne et en Autriche l’augmentation est de 2 points, en Lettonie la hausse est de 1 point, tandis qu’en France le chiffre ne varie pas (cf. l'enquête).

La Commission européenne veut mettre fin au roaming : la régulation politique vient corriger les défaillances du marché.

Sur ce blog, le 8 juillet dernier, Philippe posait une question qui vient peut-être de trouver une réponse. La Commission européenne vient en effet de présenter (12 juillet 2006), une proposition de règlement visant à abaisser le coût d’utilisation des téléphones portables en Europe, d’un pays membre à l’autre. L’objectif est que les prix payés par les consommateurs de services d’itinérance au sein de l’Union (le roaming) ne soient pas « anormalement plus élevés que les prix payés pour les appels dans leur propre pays ». Selon la Commission, un appel en itinérance est facturé en moyenne 1,15 € la minute, soit 5 fois le coût réel de la prestation du service de gros. La Commission fournit deux exemples : « le prix d’un appel local moyen en Pologne est d’environ 1,90€. Un client allemand qui se rend en Pologne devra payer entre 0,34 € et 2,56 € la minute pour passer le même appel local, soit de plus de trois fois à neuf fois le prix facturé au client polonais […] Le prix d’un appel local moyen pour un client italien se situe autour de 0,10 €. Or, si un client français passe en Italie, il paiera de 0,50 € à 1,18 € la minute pour effectuer ce même appel local ». La proposition concerne 147 millions d’Européens, dont 110 millions sont des clients d’affaires. Les tarifs devraient baisser de 70%. Ce sont des barrières financières qui vont tomber, entraînant des gains de compétitivité pour de nombreuses entreprises, favorisant les échanges à l’intérieur de l’Union et permettant aux consommateurs de profiter davantage du marché unique. On notera que cette baisse des prix n’aura pas été obtenue par le jeu de la concurrence mais par une décision publique. C’est un cas de régulation par l’institution politique, tandis que la régulation par le marché s’est montrée défaillante. Pour entrer en vigueur, il faut que la proposition de la Commission soit adoptée Parlement européen et le Conseil des ministres des Vingt-Cinq (voyez le communiqué).

Etats-Unis et Union européenne, deux géants économiques mais l’un court plus vite que l’autre…

Au plan économique, la richesse américaine (10 000 milliards d’Euros) est équivalente à la richesse européenne (9 700 milliards d’Euros). Globalement, le niveau d’endettement est comparable (autour de 63% du PIB). Une première différence importante apparaît en revanche lorsque l’on considère l’évolution annuelle du PIB : entre 2004 et 2005, la croissance américaine (4,4%) était presque deux fois supérieure à celle relevée en Europe (2,4%). Cette différence dans la vitalité de l’économie conditionne une situation de l’emploi bien distincte, des deux côtés de l’Atlantique. Toujours entre 2004 et 2005, l’emploi a augmenté de 0,6% dans l’Union européenne mais de 1,1% aux Etats-Unis. Je note encore que le taux d’emploi est supérieur aux Etats-Unis (75,4% de la population âgée de 16 à 64 ans, contre 69,7% en Europe). Enfin, en 2005, le taux de chômage était deux fois plus élevé dans l’Union européenne (9% de la population active) qu’aux Etats-Unis (5,5%).

Devinez ce qui préoccupe les Européens ? L'emploi, l'emploi et l'emploi !

Les premiers résultats de la dernière enquête Eurobaromètre (réalisée entre le 27 mars et le 1er mai) montre que près de la moitié (49%) des Européens interrogés désignent le "chômage" comme l'un des deux problèmes les plus importants que leur pays doit résoudre (pour 10 réponses possibles). Il y a six mois, à l'automne 2005, la proportion était de 44%, mais elle était déjà de 50% il y a un an, au cours de l'été 2005. La préoccupation pour le chômage est nettement plus importante dans les 10 nouveaux Etats membres (63%) que dans les 15 plus anciens (46%). La deuxième préoccupation citée est "l'insécurité" (24%). Je note que le niveau est stable depuis la vague conduite il y a un an (23%). La "situation économique" du pays est la troisième préoccupation, par ordre d'importance (23%), mais l'écart avec le thème de l'insécurité n'étant que de 1 point, on peut parler d'une deuxième position ex aequo. Les réponses recueillies montrent que "le système de santé" (18%) est la quatrième préoccupation des Européens, ou la troisième si l'on considère que les deux précédentes sont en fait à égalité. Les problèmes comme l'immigration (14%) ou le terrorisme (10%) n'arrivent qu'en 5ème et 7ème position. Ces résultats sont surprenants. Ils laissent penser que ces thèmes jouent un rôle moins important qu'on ne le dit ou qu'on ne le croit dans de nombreux pays européens. Je remarque que la préoccupation pour le système éducatif est particulièrement faible : elle arrive en 10ème position, soit le dernier rang, ex aequo avec la question des impôts (7%). Une fois de plus, l'opinion européenne manifeste une sensibilité particulière pour les enjeux sociaux, la question de l'emploi dominant largement (cf. ci-contre le lien avec le site de l'Eurobaromètre).

L'Italie est sacrée championne du monde de football !

L’Italie remporte sa quatrième Coupe du monde de football. Désormais, l’Europe est a égalité avec l’Amérique latine depuis la création de cette compétition (9 coupes partout). Grâce à l’Allemand Miroslav Klose, le meilleur buteur est aussi un Européen. Sur 32 équipes engagées dans la phase finale de la compétition, 10 étaient membres de l’Union. Enfin, 8 des 10 équipes européennes terminent dans la première moitié du tableau.

Classement des équipes

(buts marqués / buts encaissés / différence de buts)

• Italie                             12        (2)       [+10]
• France                           9        (3)       [+6]
• Allemagne                     14        (7)       [+7]
• Portugal                        7        (3)       [+4]
• Brésil                             7       (2)       [+5]
• Argentine                       9         (1)       [+8]                
• Angleterre                      5         (2)       [+3]
• Ukraine                          4          (8)       [-4]
• Espagne                         8         (2)       [+6]
• Suisse                            4         (0)       [+4]
• Pays-Bas                         3         (2)       [+1]
• Ghana                            4        (6)       [-2]
• Equateur                       5         (4)       [+1]
• Suède                            3         (4)       [-1]
• Mexique                        5         (5)       [0]                                          
• Australie                       5         (6)       [-1]
• Corée du Sud                3        (4)       [-1]
• Côte d’Ivoire                 5         (6)       [-1]
• République tchèque        3         (4)       [-1]
• Pologne                         2         (4)       [-2]
• Paraguay                       2         (2)       [0]
• Croatie                          2         (3)       [-1]
• Angola                           1         (2)       [-1]
• Tunisie                          3         (6)       [-3]
• Etats-Unis                      2         (6)       [-4]
• Iran                               2         (4)       [-4]
• Trinitad et Tobago         0         (4)       [- 4]
• Japon                            2         (7)       [-5]
• Arabie Saoudite             2         (7)       [-5]
• Togo                             1         (6)       [-5]
• Costa Rica                     3         (9)       [-6]
• Serbie et Monténégro     2        (10)     [-8]

Le meilleur buteur européen du Monde est allemand !

• 5 buts : Miroslav Klose (Allemagne).
• 3 buts : Fernando Torres (Espagne), Lukas Podolski (Allemagne), David Villa (Espagne), Thierry Henry (France) et Zinedine Zidane (France).
• 2 buts : Tomas Rosicky (République tchèque), Bartosz Bosacki (Pologne), Steven Gerrard Angleterre), Raul Gonzalez Blanco (Espagne), Nuno Ribeiro Maniche (Portugal), Patrick Vieira (France), Toni Luca (Italie), Bastian Schweinsteiger (Allemagne) et Marco Materazzi (Italie).
• 1 but : Torsten Frings (Allemagne), Arjen Robben (Pays-Bas), Javier Alonso (Espagne), Philipp Lahm (Allemagne), Pedro Miguel Pauleta (Portugal), Jan Koller (République tchèque), Vincenzo Iaquinta (Italie), Andrea Pirlo (Italie), Oliver Neuville (Allemagne), Peter Crouch (Angleterre), Freddie Ljungberg (Suède), Ruud Van Nistelrooij (Pays-Bas), Robin Van Persie (Pays-Bas), Anderson Luis de Souza Deco (Portugal), Cristiano Ronaldo (Portugal), Alberto Gilardino (Italie), Henrik Larsson (Suède), Marcus Allback (Suède), Joe Cole (Angleterre), Pedro Simao Sabrosa (Portugal), Filippo Inzaghi (Italie), Juan Gutierrez Moreno dit Juanito (Espagne), David Beckham (Angleterre), Francesco Totti (Italie), Frank Ribéry (France),  Gianluca Zambrotta (Italie), Fabio Grosso (Italie), Alessandro del Piero (Italie) et Nuno Gomes (Portugal).

L’espace électronique planétaire défendu par le Parlement européen

Les députés du Parlement européen viennent d’adopter une résolution dénonçant les entraves à la liberté d’expression sur Internet (6/07/2006). Les eurodéputés condamnent les limitations relatives au contenu d’Internet imposées par des gouvernements qui développent une police des opinions pouvant conduire à l’emprisonnement des cyberdissidents. Plusieurs pays sont concernés par ces pratiques. Je trouve cette liste dans Libération du 7 juillet (source AFP) et j’imagine qu’elle n’est pas complète : Arabie Saoudite, Belarus, Chine, Corée du Nord, Cuba, Iran, Libye, Maldives, Birmanie, Népal, Ouzbekistan, Syrie, Tunisie, Turkmenistan et Vietnam. Le Parlement européen exprime également sa préoccupation face au comportement des compagnies privées qui coopèrent avec ces gouvernements pour mettre en place la censure : Yahoo, Google ou Microsoft. Selon le site 01net.com, la dépêche AFP mentionne également Telecom Italia et France Télécom. Les eurodéputés demandent au Conseil de l’Union -qui rassemble les Chefs d’Etat et de Gouvernement- et aux 25 Etats membres de publier une déclaration commune en faveur de la protection des droits des internautes et de la promotion de la liberté d’expression sur Internet, dans le monde entier. Les eurodéputés considèrent que la liberté d’expression étant « une valeur fondamentale partagée par tous les pays de l’Union » ils doivent en conséquence « prendre des mesures concrètes pour la défendre ». Le Parlement européen remplit pleinement sa mission d’assemblée démocratique et transnationale (cas unique au monde) en prenant position sur une question cruciale : si la censure d’Etat se réinvente sur la toile, c’est précisément parce qu’Internet peut contrarier le fonctionnement des régimes autoritaires en favorisant l’émancipation des sociétés civiles. En ce moment, sur ce réseau, la liberté d’usage est donc très inégalement répartie entre nous tous. Cette liberté dépend de la nature des régimes politiques, c’est-à-dire aussi de nos nationalités respectives. On voit, une fois encore, que si la nation est l’espace performant de la démocratie, elle est aussi l’espace efficace de tout régime autoritaire. Le post-nationalisme européen a été une réponse aux deux dérives du nationalisme que sont la guerre et la tyrannie. D’un côté, le Parlement européen qui est, dans le monde, l’unique point d’appui institutionnel d’une démocratie post-nationale car transnationale. D’un autre côté, Internet, qui rend techniquement possible l’émergence d’espaces publics transnationaux. C’est pourquoi la réaction vient de nations autoritaires, c’est-à-dire à la fois de « nations » en lutte contre le monde transnational et de régimes « autoritaires » en lutte contre les processus d’émancipation. Le pire serait que les grandes entreprises qui ordonnent Internet acceptent de rentrer dans ce jeu répressif. C’est pourquoi la résolution du Parlement européen revêt une importance toute particulière.

Vieux continent ou continent de vieux ?

L'Union européenne rassemble aujourd'hui 455 millions d'habitants. Les Etats-Unis approchent les 300 millions qu'ils devraient atteindre entre la fin de l'année 2006 et le début de l'année 2007.  En 2050, les Européens seront 537 millions quand la population des Etats-Unis aura dépassé les 400 millions, grâce à une forte natalité mais aussi en raison d'une immigration importante. La croissance démographique de l'Union ne doit pas impressionner. Elle s'explique marginalement par le passage de 25 à 27 membres, les Bulgares et les Roumains ayant été ici intégrées dans la population européenne. L'augmentation de la population européenne doit moins aux naissances, trop peu nombreuses, qu'à l'allongement de l'espérance de vie qui fait progresser, année après année, la population de l'Union. Si l'on prolonge les tendances actuelles, en 2050, un tiers des Européens auront plus de 60 ans pour seulement un quart des Américains. Selon les Nations Unies, l'âge moyen d'un Européen en 2050 sera de 48,5 ans, contre 39,7 ans pour un Américain.  Selon l'Université du Michigan, plus pessimiste, cet âge moyen sera de 52,7 ans pour un Européen contre 36,2 ans pour un Américain. Il est temps de réfléchir aux effets d'une telle évolution sur les finances publiques, la croissance économique ou l'innovation, ou encore sur les relations intergénérationnelles, la recomposition des demandes politiques et la structure des opinions. On ne sera pas étonné de voir l'immigration s'installer pour longtemps au cœur du débat européen. La " quantité de peuple ", comme l'on écrivait au XVIIe siècle, est la matière première de toute politique. Voyez ici la note de Corinne Deloy Téléchargement dmographie_europenne.doc , publiée dans L'Opinion européenne.

Un Européen jamais content !

Cédric Puisney a été également sensible, avec quelques autres, à cette Coupe du monde de football qui se termine de façon amusante en un championnat d'Europe. Le commentaire qu'il a laissé ici à ce propos m'a permis de découvrir son propre blog, présenté comme celui d'un "Européen jamais content". C'est un blog original sur l'Europe, où les commentaires conjuguent la critique et l'ironie. On y trouve de plus la vision d'un Européen sur la politique française. Cédric Puisney juge ainsi que l'UDF de François Bayrou peut être une solution d'avenir pour la contribution de la France à la marche de l'Union. A la veille de nos grandes échéances électorales, il faudra bien chercher à savoir ce que nos candidats comptent faire à ce sujet. Je vous invite à découvrir ce blog.

Le droit de vote des femmes : les Européennes... et les autres

Les Koweïtiennes viennent de voter, pour la première fois, le jeudi 29 juin 2006. Ce jour est entré dans l’histoire de ce pays mais aussi dans l’histoire du droit de vote des femmes. Parmi les pays arabes, seule l’Arabie saoudite n’a pas encore franchi le pas. Voici un rappel de l’histoire du droit de vote des femmes en Europe et dans le monde :

• 1893 : Nouvelle-Zélande
• 1906 : Finlande
• 1908 : Australie
• 1913 : Norvège
• 1915 : Islande, Danemark
• 1918 : Allemagne, Lettonie, Estonie, Pologne, Canada (hors Québec), Fédération de Russie, Autriche
• 1919 : Ukraine, Biélorussie, Luxembourg, Suède, Pays-Bas
• 1920 : Tchécoslovaquie, Etats-Unis
• 1921 : Arménie, Géorgie, Azerbaïdjan, Lituanie
• 1924 : Mongolie, Tadjikistan
• 1927 : Turkménistan
• 1928 : Irlande, Royaume-Uni
• 1929 : Equateur
• 1931 : Espagne
• 1932 : Thaïlande, Uruguay, Maldives
• 1934 : Turquie, Cuba, Brésil
• 1937 : Philippines
• 1938 : Ouzbékistan, Bolivie
• 1939 : Salvador, Québec
• 1942 : République dominicaine
• 1944 : France, Bulgarie, Jamaïque
• 1945 : Hongrie, Indonésie, Italie, Yougoslavie (dont Slovénie), Sénégal
• 1946 : Kenya, Libéria, Palestine, Cameroun, Corée, Guatemala, Venezuela, Vietnam
• 1947 : Malte, Pakistan, Singapour, Argentine
• 1948 : Belgique, Roumanie, Irak, Niger, Surinam
• 1949 : Chine, Costa Rica, Syrie, Inde
• 1952 : Grèce, Liban
• 1955 : Pérou
• 1960 : Chypre
• 1962 : Monaco, Algérie, Ouganda, Zambie
• 1963 : Iran, Kenya, Maroc, Congo
• 1964 : Soudan
• 1965 : Afghanistan, Botswana, Lesotho
• 1970: Andorre
• 1972 : Suisse
• 1973 : Bahrein
• 1974 : Jordanie
• 1975 : Angola, Cap-Vert, Mozambique
• 1976 : Portugal
• 1984 : Lichtenstein, Afrique du Sud (1930 pour les femmes blanches)
• 1986 : République centrafricaine
• 1993 : Kazakhstan, Moldavie
• 2005 : Koweït

N.B. : En Israël, le droit de vote est accordé à tous dès la naissance de l’Etat, en 1948.

UNITAID : des Etats européens à l’avant-garde, d'autres à la traîne...

UNITAID est un programme dit de Facilité Internationale d’Achat de Médicaments (FIAM) destiné à aider les populations des pays pauvres affectées par le sida, le paludisme et la tuberculose. S’appuyant sur l’Organisation mondiale de la Santé, ce programme de solidarité internationale a été lancé par le Brésil et la France, rejoints par la Norvège et le Chili. A ce jour, 49 pays soutiennent UNITAID. Il s’agit de constituer un fonds financier suffisamment important pour imposer une baisse des prix aux producteurs de médicaments (version contraignante du mécanisme) ou les inciter à produire des médicaments à bas prix pour accéder à ce nouveau marché (version incitative du mécanisme). Le fonds UNITAID doit atteindre 1 milliard de dollars par an. Pour abonder ce fonds, une idée nouvelle a été lancée par le président français Jacques Chirac immédiatement soutenu par le brésilien Luiz Inacio Lula da Silva : prélever une contribution progressive sur l’achat des billets d’avion, de 1€ pour les vols domestiques en classe économique, jusqu’à 40€ pour les vols internationaux en classe affaire. Ce mécanisme a été adopté par plusieurs pays lors de la Conférence de Paris des 28 février-1^er mars 2006. Aujourd’hui, selon le journal Libération (édition du 1^er et 2 juillet), 14 pays ont décidé de mettre en place la taxe sur les billets d’avion : la France, le Brésil, le Chili, Chypre, le Congo, la Côte-d’Ivoire, la Jordanie, le Luxembourg, Madagascar, Maurice, le Nicaragua, la Norvège, le Royaume-Uni, le Cambodge, la Corée du Sud, le Qatar, le Mali et le Bénin. Les autres pays soutenant cette initiative contribueront à son financement par une dotation budgétaire pluriannuelle. Au départ, la taxe sur les billets d’avion suscitait le scepticisme ou l’ironie. Aujourd’hui elle est reprise par 14 pays. C’est un changement significatif. En revanche, on ne compte que 4 des 25 pays membres de l’Union (la France, Chypre, la Grande Bretagne et le Luxembourg). Pour convaincre les Etats européens encore hésitant à franchir le pas, on peut soutenir individuellement UNITAID en signant la pétition électronique (près de 100000 signatures aujourd’hui) ou par texto (33333, non surtaxé). UNITAID entre en vigueur ce 1^er juillet 2006.