Je me permets de publier à nouveau ce post initialement proposé il y a un an sur ce blog :Les organismes génétiquement modifiés (OGM) suscitent d'intenses débats des deux côtés de l'Atlantique. D'un côté seulement, en Europe, cela se traduit par une quasi-absence de cultures transgéniques. Les opposants aux OGM sont moins efficaces aux Etats-Unis. La conséquence la plus spectaculaire est l'apparition d'un fossé abyssal, notamment au profit des Etats-Unis qui ont multiplié par 50 leur surface de cultures transgéniques entre 1996 et 2005, pour atteindre 50 millions d'hectares, contre 0,05 en France (!) et pas davantage en Allemagne, en Espagne, etc. Demain, nous risquons fortement de dépendre des brevets déposés par les Etats-Unis, la Chine, l'Inde et même le Brésil, le pays phare des altermondialistes qui est désormais aussi la patrie des OGM. L'histoire est cruelle pour les altermondialistes, mais elle sera plus cruelle encore pour tous les Européens, d'autant plus que j'imagine mal comment les cultures d'organismes génétiquement modifiés pourraient ne pas se propager finalement partout, en Europe y compris -avec la complicité de la Nature nouvelle ironie-, malgré l'opposition farouche de quelques militants très sincères que doivent regarder d'un œil amusé ces grands producteurs qui prospèrent, ailleurs dans le monde, rassurés de ne plus avoir de concurrents en Europe et presque assurés d'y trouver bientôt les millions de consommateurs qui leur promettent de grands profits.
M. Reynié,
Serait-il possible pour l'OMC d'influer là-dessus (puisque l'Europe y est représentée et non les pays) ou via l'ONU ?
Rédigé par : Fabien | 29 juillet 2006 à 22:43
Bonjour Fabien,
il me semble aussi que toutes ces questions devront faire l'objet d'accords valables pour l'ensemble de la planète. La mise à contribution de l'OMC et de l'ONU est donc pertinente. Pour autant, en l'état actuel des choses, sans considérer les compétencecs et le pouvoir de fait de l'une ou l'autre de ces deux organisations, force est d'observer qu'il n'existe pas un consensus international sur la question des OGM. La difficulté propre à ce type d'enjeu est de mêler étroitement une évaluation politique à une expertise scientifique. Il faudrait être capable d'un accord scientifique sur les avantages et les inconvénients des OGM, ou bien considérer que l'existence d'un désaccord en ce domaine témoigne d'un niveau d'incertitude qui permet de justifier l'interdiction universelle. Mais, précisément, c'est cette incertitude qui détermine l'existence d'un débat, lequel débouche sur des décisions politiques nationales divergentes, lesquelles sont fonction de la sensibilité des différentes sociétés, du degré de mobilisation des mouvements pro ou contra et de la sensibilité des pouvoirs publics à ces débats.
Rédigé par : Dominique | 30 juillet 2006 à 12:42