J’accueille une note rédigée par Corinne Deloy. Ce texte est d’abord paru, aujourd’hui, en version anglaise sur le blog www.europeanopinion.eu. J’ai proposé à Corinne Deloy d’en produire une version française, que voici :
La présence de trois ministres de la formation ultra-nationaliste d’extrême droite, le Parti national slovaque (SNS), dans le nouveau gouvernement slovaque tout comme l’entrée dans le gouvernement polonais de la formation populiste de gauche (Samoobrona) aux côtés de celle d’extrême droite, la Ligue des familles polonaises (LPR), qui a récemment lancé une campagne pour le rétablissement de la peine de mort dans l’Union européenne, a laissé l’Europe sans réaction. Chacun se souvient des sanctions appliquées par l’Union contre l’Autriche en 2000 lorsque le Chancelier autrichien Wolfgang Schlüssel avait accepté des ministres du Parti libéral autrichien de Jörg Haider (FPO) au sein de son gouvernement. Chacun se rappelle également que ces sanctions avaient eu peu, voire pas, d’effet et que finalement, les ministres FPO avaient conservé leurs postes (ils sont encore aujourd’hui membres du gouvernement autrichien) et que l’Autriche avait très vite retrouvé sa place dans l’Union. Cependant, serait-ce trop demander à l’Europe que de ne pas rester silencieuse lorsque des partis qui bafouent les valeurs sur lesquelles est construite l’Union arrivent au pouvoir dans des Etats européens ? Le Parlement de Strasbourg est à ce jour la seule institution à avoir exprimé son inquiétude à propos de la situation polonaise mais qu’en est-il de l’exécutif ? Et qu’en est-il du Parti socialiste européen auquel appartient Direction (SMER), la principale formation de la coalition gouvernementale slovaque ? Le PSE considère t-il l’alliance avec des partis d’extrême droite comme un mode de gouvernement désormais acceptable ? Trouver une réponse efficace à la montée des extrêmes n’est pas chose aisée, on l’a vu avec l’exemple autrichien, mais garder le silence est certainement la pire chose à faire. Il semble que chaque Etat européen a désormais décidé de fermer les yeux et, depuis plus d’un an maintenant, de ne s’intéresser qu’à sa propre situation intérieure. Pour le dire d’une autre façon, le sentiment européen s’affaiblit et l’Europe se transforme en une simple juxtaposition de nations. Pouvons-nous nous satisfaire d’une telle situation ? Bien sûr, d’aucuns diront qu’aucun réel danger ne menace et que, comme l’a prouvé l’Autriche, il peut-être finalement jugé plus sûr d’avoir les extrémistes avec soi que contre soi, de façon à les empêcher de devenir véritablement dangereux en offrant une véritable alternative. Peut-être. Mais je pense qu’il serait bon d’entendre la voix de l’Europe sur ce qui se passe au sein de l’Union et qui remet en cause le cœur même du projet européen. Face au silence de Bruxelles, nous sommes autorisés à nous demander si ce que nous appelons l’Union européenne existe toujours - Corinne DELOY.
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