@ Vindicte3, je me permets de vous renvoyer au contenu de mon livre (Le Vertige social-nationaliste). Voyez les chapitres historiques. La formule "social-nationalisme" a été forgée par Léon Blum en 1933, au moment de contrer l'offensive politique des neo-socialistes (de la SFIO) dont la devise était : "ordre, autorité, nation" ("Votre mot d'ordre me fait frémir", L. Blum). Ils seront exclus de la SFIO. Leurs textes de l'époque témoignent d'une variante conceptuelle du socialisme considérant, par l'observation de l'économie capitaliste, qu'une politique socialiste tendait à devenir impossible parce qu'elle supposait un type d'action publique et un type d'Etat en contradiction avec les mécanismes de l'économie générale (sauf dans le cas d'une révolution mondiale jugée peu probable).
Les neo-socialistes abandonnèrent alors l'internationalisme des socialistes pour imaginer un moment "national" du socialisme. Par voie de conséquence, ils théorisèrent la redéfinition des bases sociologiques du socialisme devenu national : à la place de la classe ouvrière, c'est l'interclassisme qui est retenu. On passe de la "classe" au "peuple" et de l'"internationalisme" au "nationalisme" (très explicitement chez Marquet ou Déat). L'apport de la nation au socialisme, ce sont non seulement les frontières, parce qu'elles circonscrivent le champ de l'action publique et permettent d'imaginer un Etat puissant, mais aussi le sentiment national, donc le nationalisme, parce que son exaltation permet de mobiliser les forces sociales du pays au service de la politique conduite par l'Etat. De là, assez rapidement, vient l'idée d'une mobilisation disciplinaire des citoyens. L'autorité laisse rapidement la place à l'autoritarisme. Blum avait vu juste.
La variante social-nationaliste du socialisme, bien réelle, part d'une question authentique. Que peut un pays, un seul, qui déciderait d'appliquer une politique "socialiste" si les autres pays n'en veulent pas ? Cette question a été le fondement du socialisme nationaliste de Chevènement, que j'inscris dans la même tradition. C'est aussi le cas du PCF, malgrès son soviétisme qui a rogné toutes ses marges d'action jusqu'à la fin des années 1970. En 2005, selon moi, cette variante est revenue à la surface au moment de la bataille contre le Traité constitutionnel européen. Je me suis efforcé de montrer dans mon livre que tous les éléments de la doctrine avait été réunis, plus ou moins confusément. Aujourd'hui, assurément, Mélenchon reprend cette problématique à son compte.
Vous qualifiez ce travail de "propagande"... c'est évidemment trop attendu pour être suffisant. Cela fait un peu "old school", en ce 9 novembre 2009...
L'une des conséquences les plus néfastes du socialisme est que l'homme y est amené à se démettre de ses responsabilités, à s'en remettre en tout à l'État, ce qui équivaut à renoncer en même temps à sa liberté (Vladimir Boukovsky).
Rédigé par : cindy | 09 novembre 2009 à 19:56
"une politique socialiste tendait à devenir impossible parce qu'elle supposait un type d'action publique et un type d'Etat en contradiction avec les mécanismes de l'économie générale (sauf dans le cas d'une révolution mondiale jugée peu probable)."
Là ça ne prouve pas grand-chose, tous les néolibéraux disent la même chose aujourd'hui.
Sur le renfermement national, l'Union européenne achevée, elle devient un éta comme les autres, aussi égoïste et banal. Sloterdijk, qui est pourtant partisan de la chose, explique fort bien que plus l'Union progresse, plus les peuples voisins que sont la France et l'Allemagne se méconnaissent (cf. son Traité des aprés-guerres).
(au passage, merci de confirmer que le but de la construction européenne est bien de construire une souveraineté européenne, ou alors je n'ai pas bien compris comment on pourrait avoir une démocratie sans souveraineté).
Quand Blum, à raison, critique les socialistes nationaux, il le fait en fonction d'un contexte historique de fascination pour les expériences alors voisines de l'Italie et de l'Allemagne.
On ne voit pas bien aujourd'hui le contexte qui fait que le mélenchonisme (ou le fabiusisme) seraient des mouvements pré-fascistes.
Vos comparaisons font d'une vague homologie une démonstration mathématique, à mon sens bien à tort.
Ou alors il faut admettre que quand Pétain écrit ceci en 1940 (C'est avec honneur et pour maintenir une unité de dix siècles dans le cadre d'une activité constructive de l'ordre européen nouveau que je m'engage aujourd'hui dans la voie de la collaboration.), il reprend les mêmes thèmes que les européens qui font remonter l'union à Charlemagne.
Rédigé par : edgar | 09 novembre 2009 à 21:17
Je suis entièrement d'accord avec ce qu'à dit Edgar.
Vous pouvez critiquer Mélenchon sur ses idées, mais ne lui attribuez pas des concepts et appréciations qui ne sont pas les siennes, je vais donc prendre point par point les élément du national socialisme que vous évoquez.
"considérant, par l'observation de l'économie capitaliste, qu'une politique socialiste tendait à devenir impossible parce qu'elle supposait un type d'action publique et un type d'Etat en contradiction avec les mécanismes de l'économie générale"
Ce n'est pas du tout le positionement du PG et de Mélenchon. (Et de beaucoup d'économistes). La tendance actuelle serait plutot de dire que que les mécanismes économiques sont tels qu'une économie de libre concurence fait faillite en temps fini. Je fais référence a un résultat, mais il y en a pléthore et l'experience les conforte...
Le PG s'appuie sur les connaissances économiques pour changer de modèle économique et proposer une alternative à l'idéologie de la libre concurence en réintroduisant du politique dans l'économie (ce que même les états unis font, a minima, bien entendu).
Ajoutant d'ailleur que des politques socialistes sont actuellement possibles, comme le prouve les pays d'Amérique latine.
Donc ce point ne marche pas.
"Les neo-socialistes abandonnèrent alors l'internationalisme des socialistes pour imaginer un moment "national" du socialisme."
JLM est très clairement internationaliste, puisqe:
*il dit que les politques qu'il popose sont exportables, qu'il a des propositions très claires sur l'UE qui consistant notamment à mettre en place des critères de convergence sociaux.
* son parti suit de près les initiatives latino-américaine pour mettre en place une cooperation qui soit basé sur la solidarité plutot que sur la concurence,
* il considère systématiquement que les travailleurs français, étrangers ou sans papier ont partagent des intérêts politiques communs, mettant ici encore en évidence sa vision du monde qui est de gauche au sens où il l'entend: d'abord la solidarité et après la concurence. (l'économie de libre concurence propose clairement le contraire)
* enfin rappelons que le congrès fondateur du PG avait comme invité d'honneur Oskar Lafontaine, fondateur de die Linke en Allemagne, les deux partis siégeant sur le même banc au parlement européen.
"le sentiment national, donc le nationalisme" glissement audacieux, la question de l'identité national pausée par Besson est donc une refonte du nationalisme. Pourquoi pas.
En tous les cas, chez Mélenchon, il n'y a que peu de référence à la nation, mais par contre de nombreuse références à la patrie républicaine, c'est à dire à un contrat social qui est en droit exportable. Pas de place pour un nationalisme ici, mais par contre une indignation farouche lorsque ce contrat est violé (par le non respect de la loi ou de l'expression démocratique).
De plus, chez Mélenchon il n'y pas de forme de
"mobilisation disciplinaire des citoyens", mais un appel systématique à l'argumentation et au raisonnement. Une mobilisation basée sur le contraire de la discipline donc.
"Que peut un pays, un seul, qui déciderait d'appliquer une politique "socialiste" si les autres pays n'en veulent pas ?" Il y a donc d'autre pays qui en veulen (Amérique latine). Le point de départ fondamental de JLM est le constat international du divorce entre l'autre gauche et les partis sociaux démocrates (il a fait un tour d'Europe avant de quitter le PS, pour étudier les diverses situations). Pour cette autre gauche, la question n'est donc pas de faire les choses isolément, mais comment accéder aux responsabilités, en sachant que si l'autre gauche accède aux responsabilités dans un pay, cela facilitera la tâche des autres. Die Linke avance bien d'ailleur. Enfin, vis à vis de l'Europe l'objectif est, je crois, de mettre fin aux mesures néolibérales qui s'imposent sans débats, et, de fait contre l'avis des citoyens lorsqu'ils qui ont été consultés.
Par ailleur, je trouve tout à fait fallacieux, de manière générale, de qualifier de national socialiste (ou l'inverse) tout mouvement politique qui se poserait cette question (mais Mélenchon ne pose pas le problème de cette manière, comme je l'ai montré).
De manière générale, l'idéologie de la libre concurence comme organisation des activités humaines est bel et bien une idéologie, au sens où elle n'est pas nécessaire par je ne sais quelle loi de la nature, les recherches en économie montre d'ailleur qu'elle est plutôt mauvaise voir très mauvaise. De plus elle déplace les rapports de force entre travail et capital en faveur de ce dernier, créant, par là même les conditions sociales qui risquent d'aboutir a des conflits sociaux extrêmement violent s'il n'y pas d'alternatives démocratiques et rêfléchies positionnées sur l'échiquier politique.
Donc réspectez vos adversaires et evitez les amalgames, combattez les si vous le desirez, mais le front de gauche, die Linke, les verts nordiques, etc. sont nécessaires, car ils sont in fine une garantie pour la démocratie, au moins au cas où...
(Ils sont bien d'autre chose aussi, mais j'essaye de convaincre un libérale ici.)
Rédigé par : vindicte | 10 novembre 2009 à 18:17
@Cindy
"L'une des conséquences les plus néfastes du socialisme est que l'homme y est amené à se démettre de ses responsabilités, à s'en remettre en tout à l'État, ce qui équivaut à renoncer en même temps à sa liberté (Vladimir Boukovsky)."
Sauf que, comme je l'ai écrit dans un autre débat à propos de Camus :
"Camus appartenait à cette tradition idéologico-politique que l'on peut qualifier de "gauche libertaire" ou de "socialisme libertaire" qu'il opposait à cette forme de socialisme - d'inspiration marxiste ou marxiste-léniniste - étroitement étatiste et autoritaire et qui, malheureusement, a prévalu dans la gauche radicale à l'échelle internationale au cours du 20e siècle.
Tout cela pour dire que, contrairement à ce que vous semblez penser, le socialisme ne se confond pas systématiquement avec la notion d'étatisme ou d'autoritarisme, ni ne se réduit au marxisme ou au marxisme-léninisme, lequel n'est qu'une interprétation particulière d'un socialisme par essence pluriel. Le marxisme-léninisme n'étant lui-même qu'une lecture particulière d'un marxisme, lui aussi par essence pluriel : n'oublions pas, à titre d'exemple, que Jaurès s'était, entre autres, réclamé du marxisme sans pour autant se faire le pourfendeur de la démocratie et des libertés essentielles, bien au contraire !"
Du reste peu importe la terminologie : ma vision libérale ou plutôt libertaire du socialisme (compris comme vecteur de dépassement du capitalisme) pourrait aussi bien se décliner sous les noms de : mutuellisme (Proudhon), solidarisme (Léon Bourgeois), coopératisme, fraternitisme ...
Rédigé par : Connolly | 10 novembre 2009 à 18:55
La signature du Traité de lisbonne prouve que le systême démocratique a des failles que l'évolution de l'humanité a causé. Ce n'est pas un mal mais un signe qu'il faut dépasser la démocratie et ne plus penser en "parties" mais en "idées" sans cesse remisent en cause. Finis les repères historiques on doit innover si on veut un système politique qui reflette l'esprit d'un peuple et non celui d'une humanité globale et destructrice.
Rédigé par : benmouffok djilali | 19 décembre 2009 à 09:10
Pour apporter ma contribution au débat, je tiens à dire que pour ma part je considère qu'un tiens vaut mieux que deux tu l'auras. Et je n'ai pas peur de le dire.
Rédigé par : Antoine Kerinvel | 19 février 2010 à 12:18