Opposant déterminé au Traité constitutionnel européen pendant la campagne référendaire de 2005, José Bové fait désormais cause commune avec Daniel Cohn-Bendit, qui fut pourtant l’un des défenseurs les plus engagés du même TCE, dans son style inimitable, multipliant les meetings, à Nantes avec le patron de l’UDF, François Bayrou (le 3 mai 2005), à Paris, avec Michel Barnier, l’une des figures européennes de l’UMP les plus convaincues (à la Sorbonne, le 9 mai 2005). Les amis de Bové s'appliquaient alors à perturber la campagne de l’élu écologiste. Cohn-Bendit fut d’ailleurs le seul à subir un tel acharnement : meetings perturbés, réunions empêchées, menaces, agressions verbales, insultes, la virulence de l’opposition à « Dany le Jaune », comme on pouvait le lire, à Paris, le 9 mai 2005, sur les pancartes agitées par les amis de M. Bové, suscitera certaines interrogations (cf. l’article de Sylvia Zappi : « Pourquoi la campagne de Daniel Cohn-Bendit est-elle systématiquement perturbée ? », Le Monde, 12 mai 2005 ou encore mon livre Le Vertige social-nationaliste. La Gauche du Non, Paris, La Table Ronde, 2005, pp. 252-253). Sur sa lancée, José Bové n’avait pas hésité à poursuivre au Luxembourg la bataille du « non », en vain cette fois, comme ce 7 juillet, à Esch-sur-Alzette, où il exaltait un public interloqué : « Je suis fier d’être ici, au Luxembourg, avec mes frères de sang, mes amis luxembourgeois ! » (AFP, 7 juillet 2005. José Bové est d’origine luxembourgeoise). Quatre ans, déjà, coucou ! Les revoilà pas. Aujourd’hui, José Bové est candidat sur les mêmes listes que Daniel Cohn-Bendit, tous ensemble... pour le Traité de Lisbonne. Laissant ses anciens camarades de la Gauche du Non se disputer les miettes du 29 mai 2005 (Buffet-Mélenchon, Besancenot…), sur lesquelles lorgnent également ceux qui formaient la Droite du Non (Villiers, Le Pen, Dupont-Aignan), l’ancien militant altermondialiste regarde ailleurs désormais, amorçant aussi discrètement que possible un sacré virage. Cela ressemble à un ralliement. On ne le lui reprochera pas, le sens du virage est le bon, mais cela mériterait une explication.
Crédit photo : Mustache Cloud par lilyvanilli72, sur Flickr.
José Bové n'est pas favorable au traité de Lisbonne contrairement à Daniel Cohn Bendit. L'association Cohn Bendit-Bové me semble beaucoup plus inquiétante et dommageable pour le premier qui a justifié cette nouvelle alliance en affirmant : « Être pour ou contre le traité de Lisbonne, ce n’est plus la question. Dans la situation de crise actuelle, il faut se rassembler. »
Je n'ai pourtant pas entendu José Bové demander plus d'Europe pour sortir de la "crise actuelle".
Rédigé par : corinne | 02 mai 2009 à 23:04
Je pense que la presidentielle de 2007 (1.37%) lui a ete fatale aupres de ses copains/copines d'extreme gauche. Son raliement aux euro-enthousiates me laisse perplexe. Surtout que DCB ne cache pas sa fibre liberale. Que reste-t-il de José Bové ? Sur le plan politique, plus grand chose et c'est tant mieux.
Un sujet precedent posait de meme : Que reste-t-il de Mélenchon ?
Le danger pour les europeennes viendra de Melenchon. Je crains qu'il fasse un coup le 7 juin. Sa capacite de nuisance envers la gauche de gouvernement s'en trouvera decuplee pour les elections nationales. Je mettrais bien 1 Pound sur la reelection de Sarko chez le bookmaker d'en bas. Jean-Luc m'aura au moin fait gagner une pint.
Rédigé par : EuroBreizh | 03 mai 2009 à 13:59
Les oui-ouistes sont décidément rancuniers vis à vis de ceux qui leur ont fait perdre le referendum 2005, et qui continuent de penser la même chose du traité de Lisbonne.
Rappelons que le referendum, une procédure de notre constitution voulue par le Général De Gaulle, est une consultation directe des électeurs afin d'éviter toute trahison des élus censés les représenter sur les questions cruciales pour le pays. Il est donc illégal au regard du droit constitutionnel de ratifier par la voie indirecte du parlement ce qui a été refusé par la voix directe des électeurs.
Même les plus oui-ouistes des socialistes n'ont pas osé se joindre à ce viol collectif, et se sont abstenus lors du vote de l'assemblée, pour ne pas y être associés dans les annales historiques. On peut tout au plus leur reprocher la non-assistance aux institutions en danger.
Mais que dire de tous ceux, députés ou analystes politiques, à fortiori enseignants des sciences politiques, qui s'en sont fait les promoteurs actifs au lieu de respecter et transmettre "l'esprit des lois" dont ils sont censés avoir la charge?
Rédigé par : Hadrien | 04 mai 2009 à 15:40
Le titre interrogatif de cette rubrique est un procédé journalistique bien connu, que l'on emploie d'autant plus volontiers que l'on a l'intention d'aller loin dans la négation.
Le même procédé fut employé dans l'avant dernier billet "Que reste-t-il de Mélenchon ainsi que celui de février "Que fait la rédaction de Rue 89?" sur Etienne Chouard. Dans ces deux billets où l'invective le dispute à l'arbitraire ("boutiquier installé de fraîche date" pour Mélenchon et "bouillie idéologique recuite à la soupe éternelle de l'opportunisme" pour Chouard), on relève la même volonté de dénigrement de tous ceux qui ont osé attenter au prestige du veau d'or européen.
Ce type d'argumentation ad hominem vise quiconque a ouvert les yeux (et ceux de ses concitoyens) sur "la trahison des élites" que dénonçait déjà en 2004 Raoul Marc Jennard dans un ouvrage instructif resté célèbre.
Notre ancien prix Nobel d'économie Maurice Allais s'était montré tout aussi éclairant dans sa dénociation de l'Europe en question en 2005 ("L'Europe face à son avenir, Que faire?") dont on trouve les bonnes pages sur le site d'Etienne Chouard! Mais un professeur de Sciences Politiques ne saurait s'attaquer au primus inter pares...
Maurice Allais notait pourtant avec pertinence que le décrochage de la croissance européenne eut lieu lorsque, sur l'initiative de Georges Pompidou, la Grande-Bretagne put entrer dans l'Europe. Rappelons pour mémoire que Pompidou, ancien banquier chez Rotchild ne pouvait que faciliter la tache à son ancien employeur dont les trois branches historiques (française, allemande et anglaise) se trouvaient amputées de l'une d'elles sur le terrain de jeu européen continental.
Avec son bagage d'idéologie libérale et d'économie financière régnant à la City, le Royaume Uni fit abandonner la préférence communautaire, au profit du "level playing field" (terrain de jeu uniforme), concept anglo-saxon aujourd'hui au coeur de la crise financière.
Selon ce concept, les pays du monde entier ne sont plus que des "territoires économiques" sur lesquels doivent pouvoir manoeuvrer à leur aise les investisseurs internationaux, à la recherche du seuil de 15% pour leur "return of equity".
On peut retrouver ce point de vue développé avec quelque cynisme dans le dernier ouvrage de P-C Michalet (Mondialisation: le grand tournant). Les Politiques y sont invités à aménager leurs territoires économiques en conséquence, le destin de l'homme dans tout celà n'étant évoqué pour la forme qu'à...l'avant-dernière page. Tout comme l'Europe des peuples réconciliés de De Gaulle et Adenauer, que d'aucuns se complaisent à invoquer aujourd'hui comme alibi avec les tremolos d'usage!
Rédigé par : krimo | 04 mai 2009 à 18:43
josé comme dany sont candidats aux européennes et ils sont sur twitter :http://twitter.com/josebove
moi je continue malgré eux de voter vert, on a besoin d'une politique écologiste et non lobbyiste !
http://legrandvillage.wordpress.com/
Rédigé par : boddah | 07 mai 2009 à 23:17
Ralliement opportuniste. Toute l'action de Bove depuis ses débuts est en grande partie fait de cela.
Rédigé par : Pierre | 11 mai 2009 à 15:40
Hadrien, pour mémoire, sache qu'en s'abstenant ou en votant OUI, les parlementaires ont permis l'adoption du texte élaboré par Sarkozy pour imposer le TCE sous le nom de "Traité de Lisbonne".
En effet, il aurait fallu la majorité des 3/5 eme pour que ce texte soit adopté, ce qui compte tenu des votes à droite n'aurait pas été le cas si le PS avait voté contre.
Il s'agit là d'une posture pour masquer une imposture !!!
Rédigé par : Desaficionado | 14 mai 2009 à 08:34
Très bizarre cette alliance Bové/Cohn-Bendit. Ca ne tient pas debout et pour un programme politique européen ce n'est pas concret non plus. Surtout que Bové est toujours opposé au Traité de Lisbonne.
Je pense que Bové a peut-être d'autres ambitions caché derrière aussi. Comment peut-être pro-européen et voter Bové je me le demande.
Rédigé par : Aurélien | 16 mai 2009 à 06:14
Effectivement le titre est une figure journalistique orientant les commentaires vers ce que pense le journaliste; la réponse est déja dans la question... ceci dit, c'est pour une part essentielle vrai ds la mesure où cette alliance est un renoncement aux engagements initiaux d'une vrai oppasition. C'est trés décevant. L'appel au pragmatisme est de ce point de vue toujours indicateur d'un ralliement au "réalisme économique " sous couvert d'un abandon idéologique. Alors que le pragmatisme EST aussi une idéologie. Pas d'idées sans idéologie.Le pragmatisme set l'idée qu'il faut faire avec ce qu'il y a . Or une politique progressiste c'est d'abord la volonté de changer les choses et non de s'adapter au monde tel qu'il est. La pensée néo libérale tente toujours de ns faire croire que non, pour ns entrainer vers un moins de pensées... Mélenchon représente un espoir de rassemblement cohérent,associé a l'écologie, capable d'intégrer la rupture avec le néolibéralisme et l'europe du marché et des lobbys. Ce n'est bien sur pas comme qlq un le dit une nuisance à la gauche de gouvernement car C'EST une gauche de gouvernement qui appelle à se rassembler.Ce n'est pas un danger mais un espoir en cohérence avec le non. Seul le rassemblement permettra d'en sortir. La droite l 'a bien comris mais pas encore la gauche, si jamais elle y parvient un jour. Bové ns a trahit de ce point de vue.
Rédigé par : pilete | 20 mai 2009 à 07:20
Je vois dans le vote Bové un vote qui n'a pas de sens lorsque l'on est vraiment européen. Le vote Bové est parfait pour des abstentionnistes ou électeurs occasionnels manipulés par cette pensée unique poujado-gauchiste incarné par certains journaux et certains blogs bien-pensants et complotistes comme celui d'Olivier Bonnet.
Rédigé par : Aurélien | 21 mai 2009 à 21:37