Un rappel démographique : le taux moyen de fécondité en Europe est de 1,4 enfant par femme en âge de procréer. Nous savons que la croissance d'une population requiert, logiquement, un taux de 2,1. Les Européens en sont très loin. N'assurant plus le renouvellement des générations, nous conduisons le Continent vers une dépopulation progressive. Trois constats : 1) les Européens ne font plus d'enfant ; 2) les Européens sont globalement hostiles à l'immigration ; 3) les Européens sont opposés au clonage reproductif... La première variable, celle du taux de fécondité, a peu de chance de changer brutalement dans le court ou moyen terme. Les mouvements démographiques sont caractérisés par une certaine inertie et nous pouvons savoir, avec une quasi certitude, que dans les deux ou trois décennies qui viennent notre Continent abritera une population de plus en plus âgée et conséquemment en voie de disparition. La variable biotechnologique épouvante les Européens, sentiment que je peux partager immédiatement, même si rien ne saurait remplacer un débat paisible, éclairé et approfondi sur ce que tout cela peut vouloir dire et impliquer. Il reste la variable migratoire. Que peut-on espérer de ce côté-là : un peuple âgé n'est-il pas, par constitution physique et psychologique, de plus en plus craintif ? Les gouvernants prendront-ils le risque de la pédagogie, toujours rassurante ? Rien n'est moins sûr : déjà, de nombreux entrepreneurs politiques investissent le thème électoralement rentable du refus de l'immigration ou de sa régulation malthusienne. Souvent, ce thème est mêlé avec celui de la peur de l'étranger, la xénophobie. Avec un corps électoral encore plus âgé, le populisme xénophobe pourrait bien jouer un rôle majeur dans la recomposition politique et idéologique de notre Continent. La peur de l'étranger ne facilite pas son intégration dans nos sociétés, laquelle, il est vrai, est souvent bien plus difficile que nous l'attendions. Ces problèmes d'intégration nourrissent en retour le refus de l'immigration, etc.. Je songe à cette figure morbide et folle d'un immense Continent, peuplé de femmes et d'hommes qui ne voudraient plus d'enfant, pas d'immigré et pas de clonage reproductif. Le dernier Européen sera-t-il un réparateur de robots ?
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