Dans le Financial Times du 22 juin, je lis que l'ancien Premier ministre espagnol Jose Maria Aznar vient d'être recruté par Rupert Murdoch pour rejoindre le Conseil d'administration du groupe de presse News Corp. Pendant la crise irakienne, en 2003, l'engagement de News Corp en faveur de l'intervention américaine en Irak a été massif. De son côté, au même moment, Jose Maria Aznar était l'un des dirigeants européens les plus favorables au plan de George W. Bush. L'engagement d'Aznar en faveur de l'opération militaire ne pouvait pas être suspecté d'électoralisme : c'est presque l'Espagne tout entière qui a défilé dans les rues pour dire son opposition à l'engagement dans ce conflit. Jose Maria Aznar a peut-être eu la conviction qu'il était de son devoir d'homme d'Etat d'associer le pays dont il avait la charge à la coalition anglo-américaine. Les trois années qui viennent de s'écouler n'ont pas donné raison aux gouvernants qui ont fait ce choix. Ils n'ont pas eu la justesse de vue que l'on pouvait attendre d'eux. N'est-il pas troublant d'apprendre que l'ancien Premier ministre espagnol rejoint un puissant groupe de presse qui tenta, avec succès aux Etats-Unis mais en vain en Europe, de mobiliser l'opinion en faveur de l'opération militaire ? Cette information laisse entrevoir, une fois encore, comment des groupes de presse et de communication peuvent s'engager dans des batailles politiques, par conviction ou par intérêt. Elle pose aussi le problème des chefs d'Etat et de gouvernement qui terminent leur mandat trop jeunes pour prendre leur retraite. Aznar avait 51 ans lorsqu'il a quitté ses fonctions, en 2004. Récemment encore, on a pu s'étonner de voir Gerhard Schröder recruté par le géant gazier Gazprom, après avoir été, comme Chancelier de l'Allemagne, l'un des opérateurs d'un accord renforçant la puissance du groupe russe. La demande de rajeunissement des gouvernants ou l'idée de limiter le nombre des mandats dans le temps, à l'image des Etats-Unis, conduira les démocraties à produire de jeunes retraités du pouvoir, tels Aznar et Schröder, à la recherche d'une reconversion très lucrative. On peut se demander si la possibilité offerte à de jeunes gouvernants de trouver, un jour, un point de chute dans le monde de l'entreprise ne pervertit pas l'exercice du pouvoir.
bonjour,
Mais à quoi alors devraient se destiner Mr Aznar ou Mr Schroeder ? Si vous pensez à l'administration, n est ce pas une vision franco française ?
Bonjour,
C'est une question à débattre : sans y avoir beaucoup réfléchi, je penche pour la présidence de fondation servant l'intérêt général, ou bien l'intégration dans des Cours de justice, ou bien encore l'ONU, l'UNESCO, la Croix rouge ou, différemment, les instances de l'Union européenne. Encore une fois, je n'ai pas regardé cela de plus près, mais cela me paraît choquant et dangereux de laisser les carrières politiques se terminer tôt si elles doivent déboucher sur des carrières dans le privé.
Amitiés,
DR
Rédigé par : PH | 02 juillet 2006 à 18:28