Dans son numéro d’octobre (n°593), la revue L’Arche réédite un article de Ben-Gourion initialement publié au lendemain de la guerre de six jours (L’Arche n°126, août-septembre 1967). Ben-Gourion jugeait alors qu’ «il n’y a pas de chance que les Arabes décident prochainement de faire la paix avec Israël, si les trois grandes puissances – les Etats-Unis, l’URSS et la Chine- ne les y incitent pas». Mais il poursuivait ainsi : «la possibilité que ces trois groupes se mettent d’accord entre eux pour pousser des Arabes à la négociation est plus que problématique».
Il pointait le rôle propre revenant à l’Union européenne : «pour un espoir concret de paix durable au Moyen-Orient, l’Union européenne est indispensable. Seule cette Union serait susceptible de rapprocher l’URSS et les pays de l’Ouest, et d’atténuer aussi le danger de la Chine. Et quand le grand bloc américano-russo-européen conjuguera ses efforts pour la paix mondiale, elle sera vraiment pour demain.»
40 ans après, la capacité des Etats-Unis à organiser la pacification du Proche-Orient paraît déclinante ; l’URSS n’est plus ; en Russie comme en Chine, l’effondrement du communisme a libéré des formes non démocratiques de capitalisme d’Etat, mais conférant à ces deux pays une influence nouvelle et grandissante. Dans le même temps, l’Union européenne s’est considérablement étendue, passant de 6 à 27 pays membres, favorisant sur le Vieux continent un mouvement sans précédent de démocratisation. Au cours de ces années, l’Union elle-même opérait une démocratisation de son fonctionnement, avec l’élection du Parlement européen (1979), et l’invention d’une citoyenneté européenne (traité de Maastricht,1992). La mise en place de l’Euro, qui rassemblera 15 pays en janvier 2008, et l’accord sur les institutions, obtenu lors du sommet de Lisbonne d’octobre 2007, montrent que l’approfondissement peut accompagner l’élargissement de l’Union. Le rôle diplomatique de l’Union s’est nettement déployé, comme en témoigne, en 2003, la décision de créer un Quartet pour le Proche Orient, rassemblant les Etats-Unis, la Russie, l’ONU et l’Union européenne, puis d’en confier la direction à un Européen (Tony Blair) en juin 2007, 40 ans après les vœux formulés par Ben-Gourion dans L’Arche.
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