On connaît les reproches adressés à la PAC (Politique agricole commune) : corporatiste, trop coûteuse, inutile, contraire aux intérêts des pays émergents qui tentent d'introduire leurs productions sur un marché européen sur-protégé, contraire aux exigences du développement durable. La critique n'était pas le seul fait des Britanniques. Dans les pays bénéficiaires, au premier rang desquels la France, nombreux ont été ceux qui dénoncèrent le conservatisme voire l'archaïsme de cette politique commune. On a beaucoup vilipendé les fameux surplus européens. On nous annonce aujourd'hui que leur disparition est une mauvaise nouvelle. On a beaucoup affirmé que nous étions autosuffisants en matière agricole. On prévient brutalement que ce n'est pas le cas. Les adversaires de la PAC voulaient moderniser l'Europe. Ils ont entrepris de décourager la production agricole continentale en imaginant compenser ce mouvement de retrait par un recours accru aux importations. Souvenons-nous, tout le monde devait y gagner : les pays émergents en accédant enfin à des marchés prometteurs, les consommateurs en profitant des baisses des prix que l'ouverture à la concurrence ne devait pas manquer de produire et ce sans rien perdre ni du côté de la qualité alimentaire ni du côté de la sécurité sanitaire. Aujourd'hui, que voit-on ? 1) Les pays émergents -notamment la Russie, la Chine et l'Inde- consomment bien plus qu'ils ne produisent, générant une explosion de la consommation mondiale ; 2) il apparaît -première conséquence- que, loin de trop produire, l'agriculture européenne ne produit pas assez ; 3) On annonce -deuxième conséquence- que, loin de baisser, les prix vont augmenter de manière significative ; 4) Nécessaire, et pourtant insuffisante, la relance en catastrophe de la production agricole européenne risque de remettre en cause les niveaux de qualité et de sécurité alimentaires auxquels nous étions habitués -troisième conséquence possible. Les Européens pourraient bien à nouveau commenter abondamment les prix du lait et du blé, du beurre et du pain, renouant avec ces antiques préoccupations qui ont joué un rôle déterminant dans notre histoire.
Commentaires