En voulant bloquer les négociations d'adhésion engagées entre l'Union européenne et la Turquie, Nicolas Sarkozy prend au moins trois risques importants : 1) Il isole la France au sein de l'Union, tandis que son ambition était de replacer Paris au coeur de la décision commune après l'échec du référendum en 2005 ; rappelons que l'ouverture des négociations d'adhésion avec la Turquie a été décidée à l'unanimité des Etats membres en 2004 ; 2) Il prend le risque de briser le modeste élan qu'il avait contribué à créer en soutenant énergiquement les efforts d'Angela Merkel sur le plan institutionnel ; 3) Il agit sur la politique intérieure turque en prenant le risque de produire des conséquences qui pourraient contredire gravement l'intérêt général européen, en particulier pour les générations futures. En effet, le 22 juillet prochain, les Turcs organisent leurs élections législatives. Dans la campagne électorale qui se déroule en ce moment, les nationalistes hostiles à l'adhésion tirent un grand profit de la position française. De facto, Nicolas Sarkozy favorise le camp de ceux qui pensent que la Turquie doit tourner le dos à l'Europe et, pour les uns, préférer un grand partenariat avec la Russie et l'Iran ou, pour les autres, une orientation plus islamiste de la politique d'alliance.
Il faut rappeler qu'une union douanière entre l'Europe et la Turquie existe depuis 1996 et que lors de son sommet d'Helsinki de 1999, l'UE avait déclaré : "la Turquie est officiellement un pays candidat pour l'adhésion à l'UE".
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