Dans Le Journal du Dimanche du 25 mars 2007, l’acteur François Berléand signe un texte dans lequel il annonce qu’il votera pour Bayrou. L’acteur nous informe avoir toujours voté à gauche depuis 1974 lors des élections présidentielles. Voici l’un des mérites que Berléand attribue au candidat UDF : « C’est lui aussi qui, le premier, a parlé de la dette avec le sérieux qui s’impose. La dette colossale d’un Etat plus si loin de la faillite […]. Bayrou a fait de cette priorité la pierre angulaire de son programme, qui ne se développe donc qu’en tenant compte, littéralement, d’une obligation d’économies. Cette cohérence-là, que n’ont pas les deux autres candidats, ne vaut-elle pas à elle seule galon de chef d’Etat ? Entendons nous bien : je ne suis pas contre certaines propositions sociales et écologiques du programme de Royal, ni contre la lecture vaillante des enjeux économiques de Nicolas Sarkozy, mais qui financera le coût de leurs promesses ? »
Retour en arrière. Nous sommes en 2005 pendant la campagne référendaire. François Berléand est engagé contre la Constitution européenne. Il préside même la section parisienne du Comité pour le Non républicain animé par le chevènementiste Georges Sarre. Cet engagement conduit Berléand à être l’un des premiers signataires du manifeste « Contre la Constitution libérale et pour une Europe sociale » dont voici le texte in extenso :
« On nous traite avec mépris d’imbéciles et de crétins parce que nous votons NON ! Parce que nous refusons le diktat de ceux qui croient être les élites de ce pays : «grands» chefs de partis, «grands» éditorialistes, «grandes» chaînes de télévision, «grands» journaux, etc… Tous ceux–là martèlent à tout instant, partout, d’une seule voix autoritaire : «Votez oui !» Et parce que nous répondons NON, on nous traite d’imbéciles, de crétins. Mais nous, nous avons lu le texte de cette étrange constitution. Et nous nous sommes interrogés. Qui l’a écrite ? Des Constituants élus ? Mais non ! Des «stars», des «élites», autodésignées, cooptées. Elles ont entre elles, composé ce traité, et maintenant, elles exigent que nous les approuvions. Et du haut de leur suffisance – et de leurs intérêts – elles nous méprisent parce que nous osons dire NON ! Nous avons lu ces 448 articles et ces annexes – du jamais vu ! -. Nous devrions voter ce texte qui reprend toutes les politiques, monétaires, bancaires, économiques, les orientations stratégiques, décidées sans nous et dont nous connaissons déjà les effets : délocalisations, chômage à 10%, inégalités croissantes, démantèlement de toutes les protections sociales et culturelles, soumission à l’OTAN. Où est l’Europe européenne que nous voulons ? Nous qu’on insulte et qu’on veut faire taire, nous mesurons la qualité des textes aux effets qu’ils produisent ! Les «Stars» vivent dans leur monde : elles votent oui. Nous nous adressons à l’intelligence et à l’expérience des citoyens, ceux qu’on prend depuis trop longtemps pour des imbéciles et des crétins. Et nous les appelons à réfléchir, à faire le choix d’une Europe démocratique, A VOTER NON ».
Qu’est-il arrivé à François Berléand pour qu’il soit passé, en moins de deux ans, des amis de Jean-Pierre Chevènement au vote Bayrou et de la dénonciation de l’Europe libérale à l’appel aux restrictions budgétaires ? Il faut rassurer l’acteur, ces restrictions sont également encouragées par les critères de Maastricht. Dernier rappel, le texte signé en 2005 par Berléand s’intitulait crânement « Le manifeste des imbéciles pour le Non ». C’est pas moi qui le dis.
Je vous propose cet article paru sur vous dans le journal PLPL, vous au moins vous méritez cette laisse car vous êtes resté campé sur vos positions, mais n'oubliez pas que les français ont voté NON.
La lutte est acharnée mais
PLPL ne décerne la laisse d’or
qu’au plus servile.
E st-ce Pascal Lamy ou Bernard Guetta qui a jappé : « Le ralliement à l’idée européenne paraît achevé » ? Est-ce un sondeur-imbécile (en un seul mot) qui, devant son ami Nicolas Weill (Laisse d’or de PLPL), a pontifié dans Le Monde : « L’opinion publique se trouve à l’état gazeux » ? Non, c’est Dominique Reynié, « politiste » fat et verbeux, greluchon du Medef et histrion des médias. Le truc de Reynié – comme de tous les sondeurs-imbéciles –, c’est d’utiliser l’« opinion » pour promouvoir les rêves d’Ernest-Antoine Seillière. Ainsi, « des entreprises totalement privées (comme la construction du viaduc de Millau) recomposent la représentation du réel » de l’« opinion », la rendant « rétive » à un discours antilibéral. Dorloté par la presse, Dominique pontifie : nous vivons un « moment complexe » ; l’opposition à la dictature du capital traduirait le « désir de rester dans un ordre dépassé ». Quand il ne dégaze pas sa propagande « chez Christine » (Ockrent), quand ce merlan de séminaire ne gave pas de son « enseignement » les larves de Sciences-Po, quand il n’écrit pas un « livre » avec le balladurien proaméricain Pascal Perrineau (Laisse d’or de PLPL), Reynié lèche Daniel Cohn-Bendit (Laisse d’or de PLPL), « le seul homme politique véritablement européen ». Puis il dégoise au centre de réflexion que dirige Francis Mer, ancien vice-président du Medef. Entre les deux tours de l’élection présidentielle, Pascale Clark a convoqué l’ami Reynié sur France Inter pour colporter de la peur et ainsi faire voter Chirac. Le « spécialiste », aujourd’hui membre du « conseil scientifique » de la fondation mise en place par l’UMP, a alors affirmé que Le Pen risquait d’être élu à l’Élysée. Son explication : « Il y a trois façons de voter Jean-Marie Le Pen : en votant Jean-Marie Le Pen, en votant blanc ou nul, ou en s’abstenant. » Mais, Dominique, il n’y a qu’une seule façon de venir chercher ta laisse : libère-toi de l’absurde amour-propre qui t’empêche de te mettre franchement à quatre pattes sur le macadam.
Rédigé par : Hello6 | 26 mars 2007 à 18:45
Au vu des précédents résultats électoraux et du ton de la campagne actuelle, les « entreprises privées qui recomposent la représentation du réel et rendent l’opinion rétive au discours antilibéral » devraient s’interroger sur leurs performances…
Bravo pour les insultes, ça élève et fait bien avancer le débat.
Rédigé par : corinne | 27 mars 2007 à 11:54
J'ai aussi appelé à voter non au référendum sur une constitution européenne, car le texte n'était pas européen, mais il protégeait simplement l'interêt de l'Europe des États, grâce à un lobbying forçoné du PP et notamment de la femeuse représentante de M.Aznar à Bruxelles, celle que l'on a revu pour des magouille à la banque mondiale, elle est chargée de la communication là-bas.
J'ai appelé à voter non comme la majorité des partis européïstes catalans.
J'ai aussi appelé à voter Bayrou, et dans les deux cas je me suis engagé particulièrement dans ces deux campagnes, comme je ne l'avais jamais fait en France pour des campagnes électorales françaises.
Je n'y vois aucune contradiction, mais sur trois lignes je ne peux vous expliquer l'ensemble des mes arguments pro-européens.
Je suis européen convaincu, ni PPE, ni PSE, et j'oserais vous assurer que si nous n'avions jamais connu Bonaparte -le fellon de la République corse- dans l'Histoire de France, nous n'aurions jamais eu toutes les guerres européennes qui suivirent son règne impérial.
Par contre, je peux vous indiquer que les penseurs français devraient, de temps en temps, se passer de Paris et de Bruxelles, ou La Valette, comme lieux de villégiature de leurs pensées politiques. Ça y fume de vieux conceptes.
Bien cordialiement,
Jacme
Rédigé par : Jacme | 19 mai 2007 à 19:47
Le texte de PLPL est amusant dans sa forme et sur ce point il susciterait plutôt ma sympathie. Las, il sonne faux, il est à coté de la plaque. Dominique Reynié est bien plutôt l'un des (rares) penseurs authentiques et lucides qu'il nous est donné d'apercevoir dans les média.
Quand à vouloir lui imposer une laisse, ce sera assurément indispensable pour l'asservir.
Pour les moutons de PLPL, point n'est besoin de laisse ou de collier, leur ferveur idéologique leur en tient lieu. Souhaitons leur de rencontrer rapidement le Panurge auquel ils aspirent.
Rédigé par : Xanthien | 10 octobre 2007 à 02:44
D'ordinaire j'apprécie les analyses de D.Reynié qui rompent avec le consensus mou habituel. Mais là je ne comprends pas l'attaque contre F.Berléand. Son changement de position n'est pas plus incohérent que celui des électeurs ouistes ou nonistes de Sarkozy, les 1ers parce qu'ils ont voté pour qq'un qui était contre l'entrée de la Turquie dans l'Europe (qui finalement va y entrer car Sarkozy a retourné sa veste), les 2èmes parce qu'ils se sont prononcés pour qq'un qui a voté oui. Pour ma part j'ai fait le même chemin que Berléand en partie pour les mêmes raisons. En effet, la question de la dette publique me semble aujourd'hui autrement plus importante que les débats byzantins sur l'Europe, car enfin, avant de parler constitution faudrait-il savoir déjà quelle organisation veut-on mettre en place (Europe fédérale, confédérale...).
Rédigé par : michel colinmaire | 02 novembre 2007 à 18:19
Ce qui m'a posé problème chez Berléand est son passage d'un cartel politique fustigeant les économies budgétaires - alors présentées comme la marche lente vers l'ultra-libéralisme par la réduction du rôle de l'Etat- à un souci pour l'équilibre des comptes, qui est une préoccupation que l'on peut évidemment défendre mais qui est située aux antipodes des nonistes avec lesquels il tenait meeting contre le TCE.
Rédigé par : Reynié | 02 novembre 2007 à 19:56