Dans Le Monde du 26 septembre 2006, l’article signé par Abdullah Gül, le ministre des Affaires étrangères de Turquie, devrait retenir notre attention : « J’observe, écrit-il, qu’un autre sujet revient souvent dans les débats concernant la Turquie : la question arménienne. Pour dégager enfin les principes d’une réconciliation sur un conflit de mémoires entre deux peuples qui ont partagé près de dix siècles de vie commune en harmonie, notre gouvernement propose, avec l’appui unanime du Parlement turc, de créer une commission mixte d’historiens de pays tiers qui le souhaiteraient. L’objectif de cette commission serait de faire toute la lumière, d’une façon objective et impartiale, sur les événements tragiques de 1915, causes de tant de souffrances pour les Arméniens et les Turcs. Nous nous engageons d’avance à accepter les conclusions des experts et à y répondre par des initiatives appropriées. Le respect scrupuleux de l’histoire est la condition d’un authentique exercice du devoir de mémoire ».
Cette contribution a été peu commentée. N’est-ce pas pourtant une opportunité à saisir ? Ne peut-on pas y voir le signe qu’un profond changement est en cours ? Rappelons qu’une rencontre universitaire sur la question arménienne a été organisée à Istanbul en septembre 2005. Ce ne fut pas sans mal mais, finalement, des débats ont eu lieu et avec le soutien du gouvernement. De même, si des écrivains sont encore inquiétés par la justice en raison de leur prise de position sur le génocide arménien, ils sont de plus en plus souvent purement et simplement relaxés.
C'est effectivement un geste fort à saluer. Dommage que dans le même temps la Turquie se sente obligée de faire de la provocation de ce genre... cf. aticle http://www.puisney.eu/tout-est-bon-dans-le-cochon
Rédigé par : Cédric | 27 septembre 2006 à 19:34
Oui c'est un geste fort et surtout, porteur de messages à destination de l'UE: si la Turquie est amenée à reconnaître le génocide arménien, il faudra d'abord que sa responsabilité soit débattue dans un premier temps, et prouvée dans un deuxième. Cette démarche démontre que la Turquie n'est pas non plus prête à tout pour plaire aux députés européens.
Et cette suggestion de créer une commission ne saurait être discutée ni refusée, puisqu'elle traduirait une louable démarche démocratique, elle-même inscrite dans une préoccupation de mise en lumière des droits de l'Homme... Beau pied de nez.
Rédigé par : Leïla | 28 septembre 2006 à 12:42
Je pense que cette question est complexe.
Quand on pense que Lewis, ce grand écrivain du monde musulman a des problèmes avec la justice française parce qu'il a nuancé le génocide arménien! Je crois que mener ce débat sereinement est un problème même chez nous !
Je ne sais pas où sont conservées les archives (si elles n'ont pas été volontairement détruites) qui permettraient de faire la lumière sur le génocide arménien et si elles seraient suffisantes pour se faire.
Une question que je me pose: dans la mesure où une bonne partie des Jeunes Ottomans puis des Jeunes Turcs se sont formés en France au contact du positivisme, y trouverait-on des influences qui expliqueraient en partie ce tentative d'épuration au nom de la "nation turque"?
Rédigé par : philippe | 03 octobre 2006 à 22:42