Dans le cadre de la dernière enquête Eurobaromètre, la Commission a demandé aux Européens quelles réalisations pourraient renforcer leur sentiment de citoyenneté européenne. La liste soumise comprenait une série d'options, chaque personne interrogée devait en choisir une. Voici les préférence exprimées par les Européens : un système européen de protection sociale (32%) ; une Constitution européenne (27%) ; la possibilité de participer à toutes les élections dans le pays européen de résidence (21%) ; l'élection au suffrage universel direct d'un président de l'Union (16%) ; le remplacement des impôts nationaux par un impôt européen (11%) ; une équipe olympique européenne (5%). Par ailleurs, 12 % des Européens interrogés ont spontanément répondu ne vouloir choisir aucune de ces propositions, tandis que 8% ont spontanément répondu ne pas vouloir devenir citoyen européen. Les Européens s'interrogent sur les bénéfices de l'Union. La pacification, bénéfice incontestable et immense, n'opère plus. Le temps passe. La paix est le résultat d'un effort politique sans précédent, mais elle est perçue comme une donnée naturelle, une évidence. La démocratie subit peu ou prou le même sort. Plus encore, certains regardent l'émergence de l'Union comme la constitution d'un pouvoir obscur et incontrôlable. La construction d'un système européen de protection sociale oriente la demande de rétribution vers des enjeux pragmatiques. C'est le genre d'idée qui suscite immédiatement l'ironie ou la considération condescendante. Pourtant, l'histoire ne connaît pas de peuples ayant accepté librement leur mise en ordre sans en tirer une contrepartie sous la forme de bénéfices concrets. Cela fait trois options pour l'Union : disparaître, devenir tyrannique ou s'engager dans la voie des grandes politiques sociales. Mais le temps presse et le temps passe.
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