Le quotidien communiste L'Humanité est en proie à de grandes difficultés financières, au point que son existence est aujourd'hui menacée (diffusion de 51639 exemplaires par jour en 2005). Ce n'est pas un cas isolé, la période est particulièrement difficile pour la presse. Il faut souhaiter que L'Humanité trouve les moyens de poursuivre, en un temps où l'information a grand besoin de pluralisme. L'Humanité souffre d'un déficit d'exploitation de 3 millions d'euros. Le journal est donc à la recherche de fonds. J'espère que le quotidien profitera de cette crise pour réfléchir sur sa contribution à la réflexion, au débat et à l'information. En effet, L'Humanité n'étant plus l'organe officiel du Parti communiste, il pourrait ouvrir ses colonnes au pluralisme des idées. Or, pendant la campagne référendaire sur le Traité constitutionnel européen, aucune place n'a été faite aux tenants de la ratification, contrairement au reste de la presse. Le deuxième problème, et ce n'est pas rien, est le grand écart permanent entre un discours radicalement anti-libéral et les pratiques de management de l'entreprise L'Humanité. Dans Le Monde du 17 juin 2006, je trouve ces déclarations de Patrick Le Hyaric, directeur de L'Huma : "les coûts de fabrication, d'impression et de distribution asphyxient l'ensemble de la presse écrite". Plus loin, il en appelle "à l'Etat, au monde économique, à tous ceux qui sont attachés aux valeurs fondamentales de la République", ajoutant "des entreprises attachées au pluralisme de la presse, pourraient contribuer au financement de journaux en difficultés, sans peser sur leur orientation éditoriale". Le problème de L'Humanité est donc aujourd'hui de trouver des capitaux pour combler son déficit. Il demeure tout de même un problème d'une autre nature et sur lequel la rédaction devrait s'interroger : peut-on en appeler au pluralisme des autres sans l'être soi-même ? Et peut-on diaboliser chaque jour le monde libéral, l'entreprise, etc. pour se plaindre des coûts du travail -car en fait il s'agit de cela- et en appeler, pour finir, au soutien financier des entreprises ?
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