Aller : au bout de l’Europe, du côté de ses bordures incertaines, voyez la Turquie, plus loin, à l’Est l‘Arménie, plus loin la Géorgie, puis l’Azerbaïdjan. Retour : depuis Bakou, au bord de la mer Caspienne, le pétrole azerbaïdjanais remonte maintenant vers Tbilissi, en Géorgie, puis file sur Ceyhan, en Turquie, au bord de la Méditerranée. Sur 1767 km, l’oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan (BTC), vient d’entrer en fonction. Dix ans de travaux s’achèvent. L’oléoduc a été construit par une entreprise européenne, le britannique BP. L’oléoduc va permettre aux Turcs de gagner beaucoup d’argent, en droits de passage. Dans un an, un gazoduc sera achevé, suivant un trajet comparable, de Bakou à Erzurum. La Turquie n’a pas de pétrole, mais sa position géographique est hautement stratégique. Plus de 70% des réserves mondiales en gaz et pétrole se trouvent dans son périmètre proche. Cette énergie que nous consommons avec avidité, jusqu’à épuisement, passera désormais largement par la Turquie. Les Etats-Unis et tous les pays de l’Union européenne soutiennent activement ces trajets énergétiques car si la région est troublée, la Turquie est jugée politiquement stable et militairement fiable, comme membre de l’OTAN. A ce trajet énergétique, qui va d’Est en Ouest, il faut ajouter le trajet énergétique qui va du Nord au Sud. Un accord avec Moscou a permis à la Turquie de faire venir son gaz depuis la Russie, grâce au gazoduc Blue Stream, qui passe sous la mer Noire, à 2 km de profondeur. C'est l'oeuvre de Gazprom et de l’entreprise italienne Eni. Il est maintenant prévu de prolonger cet axe Nord-Sud pour approvisionner Israël. Au nord de la mer Caspienne, ne lâchez pas votre carte !, le Kazakhstan va bientôt se raccorder à l’oléoduc BTC, pas pour prendre, mais pour alimenter. On estime à 24 milliards de barils de pétrole les réserves kazakhes. Les Chinois et les Russes s’y intéressent. Mais les Européens et les Américains sont pour l’heure les mieux placés. Le 13 juillet, le président des Etats-Unis inaugurera officiellement l’oléoduc BTC. Bientôt, la Turquie va rejoindre la « boucle gazière » européenne : son réseau sera raccordé à celui de la Grèce, il fournira Italie, etc.. Un projet Nabucco est à l’étude, soutenu par Bruxelles. Une entreprise européenne, Gaz de France, cherche à y prendre part. Il s’agit de conduire le gaz jusqu’au cœur de l’Union, en Autriche. Je songe à nos besoins énergétiques qui paraissent insatiables. Je songe à la polémique suscitée par l’ouverture des négociations d’adhésion de la Turquie. Je songe à Israël dont les liens avec Ankara sont vitaux. Je note aussi que l’Arménie, contournée par l’Oléoduc, est laissée de côté.
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