Cet exemple est extrait de mon livre, Le Vertige social-nationaliste. La gauche du Non et le reférendum de 2005 (p.241-242) : « Le 29 mai 2005, une équipe de journalistes de France Télévision a décidé de filmer toute la journée, pour le compte de l ‘émission « Envoyé spécial » [Le jour où la France a dit ‘non’, Envoyé spécial, animé par Guilaine Chenu et Françoise Joly, France 2, 2 juin 2005], une série de personnalités, sondeurs, journalistes, partisans du Oui et partisans du Non, afin de saisir sur le vif leurs réactions au moment d’apprendre le résultat du référendum. Il importe de préciser que chaque intervenant parle en présence d’une équipe de télévision. Les propos ne sont pas ‘volés’ par une caméra ‘cachée’. Les résultats du scrutin ne sont rendus publics qu’à 22 heures, lors de la fermeture des derniers bureaux de vote, mais, en fin d’après-midi, les sondages confidentiels circulent, par téléphone et SMS. La victoire du « non » est annoncée. A partir de 18h30, les premiers dépouillements ne laissent plus de doute quant à l’issue du scrutin, malgré les quelques instants de confusion dont fait état le reportage.
Jean-Luc Mélenchon apprend ainsi la probable victoire de son camp. Invité à s’exprimer lors de la soirée spéciale que prépare France Télévision, il choisit de s’y rendre en empruntant le RER. Pendant son trajet, il rencontre un jeune militant socialiste, partisan du « oui ». Une discussion s’engage, dont quelques bribes seulement sont conservées au montage et donc rendues publiques le jour de la diffusion de ce reportage. On devine que le jeune militant socialiste reproche à Jean-Luc Mélenchon d’avoir sacrifié l’idée européenne pour des raisons de politique intérieure, lorsqu’il demande :
‘Pourquoi mettre en danger l’Europe pour dire que la France va mal, moi, c’est ça que je comprends pas.
Jean-Luc Mélenchon – Ca, c’est l’idée que tu te fais, putain ! Descends de ton arbre ! Va voir les gens, ils sont pas aussi cons ! ». Quelques images de l’intérieur du RER apparaissent, puis quelques secondes après, de nouvelles bribes de la conversation qui s’est manifestement poursuivie entre-temps. Le jeune militant socialiste amorce une nouvelle question dont on peut saisir le dernier fragment : « Si vous prenez par exemple les nouveaux entrants de l’Est… ». Mélenchon l’interrompt brutalement : « Et bien qu’ils aillent se faire foutre ! Lituaniens ? T’en connais, toi, des Lituaniens ? J’en ai jamais vu un moi !’ ». On peut noter que la Lituanie est le premier pays européen à avoir ratifié le traité, le 11 novembre 2004 et que le sénateur de l'Essonne ne semble pas avoir abandonné son engagement internationaliste.
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