L’approvisionnement en énergie est l’un de nos défis majeurs. Ce n’est pas le propre des Européens, mais le niveau de vie que nous avons atteint sur le Vieux Continent implique une quantité considérable d’énergies consommées. Réduire notre consommation, nous convertir aux énergies renouvelables, recourir plus massivement au nucléaire, tout à été dit sur les options disponibles mais peu a été fait. Les Américains, qui veulent farouchement maintenir leur standing de vie, se donnent les moyens d’assurer leur approvisionnement énergétique, avec vigueur et pragmatisme, parfois avec violence et au mépris de l’intérêt planétaire (cf. leur refus de ratifier les accords de Kyoto). Mais nous, les Européens, nous n’avons pas tranché clairement. La quasi-unanimité d’entre-nous n’est pas plus disposée à revoir à la baisse son confort d’existence. En même temps, le nucléaire nous inquiète. Pouvons-nous dire oui à l’énergie et non au nucléaire ? Les biocarburants sont une alternative prometteuse, mais ils supposent la modification génétique des organismes afin d’accroître les rendements, faute de quoi toutes les terres fertiles de l’Europe ne suffiront pas à nous fournir l’équivalent pétrole que nous consommons chaque année dans l’Union. Mais voilà, des lobbies militants luttent avec acharnement contre les cultures d’OGM et semblent pour le moment plus puissants que les lobbies du secteur agroalimentaire. Aujourd’hui, les Etats-Unis, l’Inde, la Chine et le Brésil, sous l’impulsion du président Lula, déposent à tour de bras les brevets que nous, Européens, devrons demain acheter ou louer. Nous n’avions pas de pétrole, sommes-nous en passe de ne plus avoir d’idées ?
Le 21 mai 2006, je découvre sur un mur d’une maison, dans une petite commune d’Eure-et-Loir, cet arrêté municipal qui réglementait il y a bien longtemps la vitesse de circulation « des automobiles et de tous les véhicules en général ». On vise donc aussi la bicyclette et l'hippomobile, ou traction à cheval. Mais ce qui est probablement l’une des premières réglementations de ce genre annonçait bien l’empire de l’automobile. En 2006, le panneau est toujours accroché sur ce mur. Les traces du début de l’ère du pétrole sont encore palpables et déjà on peut en entrevoir la fin. Un coup d’œil sur cet acte administratif fossilisé avec, simultanément, une pensée pour l’évolution du prix du baril de brut et l'on peut saisir un instant les deux pointes extrêmes de cette histoire.
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