Rappel des faits, ayant suscité un trop faible écho : le mercredi 24 juin, à la Bourse du travail (rue Charlot à Paris, dans le 3e), environ 800 hommes, femmes et enfants sans-papiers ont été évacués manu militari par les membres d'un commando de la CGT, masqués et cagoulés, portant matraques et bombes lacrymogènes. Cette action violente illustre la montée progressive à gauche de cette idéologie "social-nationaliste" dont j'avais étudié l'expression en 2005 (cf. Le Vertige social-nationaliste). A la suite de deux articles consacrés à cette évacuation et publiés l'un par Le Monde.fr, l'autre par Rue 89, on peut lire une série de commentaires postés par des internautes parmi lesquels certains qui tentent de justifier l'action de la CGT. On peut y voir une sorte de matérieau pour l'étude de cette idéologie :
Sur Le Monde.fr :
jean baptiste robert : Je connais ce groupe de sans papiers manipulés par des groupuscules : il y a quand meme autre chose à faire que d'occuper le coeur de la revolte sociale anti Sarkosyste : ils auraient pu aller occuper le siege de l'ump depuis des mois ... mais ils ont préféres la CGT. On a les ennemis que l'on peut
Bertrand J. : Ce qui est scandaleux c'est que la CGT ait dû mettre fin elle-même à une occupation illégale de ses locaux! Le Gvt et la mairie de Paris laissent pourrir sciemment ce type de situation. Aux pouvoirs publics d'appliquer la Loi! Il n'est pas normal que des clandestins tiennent publiquement le pavé avec le soutien de peoples bien-pensants et de professionnels de la compassion. Qu'ils les accueillent donc dans leurs maisons secondaires!
Antoine B. : Bien intéressantes réactions des abonnés. Je ne sais pas si ces immigrés illégaux sont manipulés par les gauchistes ou par le ministère de l'Intérieur (ou les 2 ?), mais ils ne manquent pas d'aplomb. J'ai entendu un de leurs meneurs, passablement énervé, "exigeant" ceci, "refusant" cela, "menaçant" d'autre chose. Je me demande ce que penseraient Sénégalais et Ivoiriens si plusieurs centaines de Blancs français se conduisaient de la sorte à Dakar ou Abidjan ? La CGT va-t-elle les raccompagner?
Pr Nimbus : En cette période de tension sociale, aller occuper des locaux de la CGT est pour le moins curieux. Il y a beaucoup d'infantilisme chez ceux qui instrumentalisent la cause des sans papiers sans vraiment chercher à faire respecter les droits de ces travailleurs surexploités. On voit bien de quel côté penchent ceux qui s'indignent aujourd'hui..
Ruz : Que tous ceux qui défendent les "sans-papiers", en novlangue, mais en bon français les illégaux, hébergent chez eux un, deux ou trois, voire une famille, et le problème de leur logement sera résolu. Les lits superposés ça existe et les grandes marmites pour faire un ragout pour une quinzaine de personnes ça existe aussi. Les "pipoles" humanitaires peuvent même héberger dans leur loft à Montreuil où ailleurs plusieurs familles. Assez de discours compassionnels, des actes.
GABRIEL J. : Il n'y pas de "service d'ordre" de la cgt. Simplement des militants volontaires émanant des différents syndicats à qui les fédérations font appel en fonction des circonstances. Sur le fond, cette "occupation" était devenue une manipulation de travailleurs immigrés par des groupuscules gauchistes complètement isolés et dont l'objectif était avant tout de nuire à la CGT. Pourquoi ces salariés n'ont-ils pas occupés les locaux du MEDEF ? Qu'espéraient-ils en occupant les locaux d'un syndicat?
JEAN BAPTISTE P. : Je réprouve le vocable "sans-papiers", qui sert à présenter sous un angle victimaire, des personnes qui en réalité possèdent des papiers différents de ceux du pays dans lequel ils se trouvent. Quand à leur présence dans les pays occidentaux, avez-vous cherché à savoir à qui elle profite ? Au patronat bien évidemment... Ou comment de sympathiques gauchistes servent de caution sociale à la dévalorisation du travail et deviennent en fin de compte, les idiots utiles du capitalisme le plus débridé...
CHRISTIAN D. : A qui profite le "crime"? le coupable n'est pas bien loin. Encore une bonne vieille méthode des barbouzes de la droite pour tenter de disqualifier le mouvement social. Il ne changent pas ! Tous les sans papiers ne se laissent pas ainsi manipuler par ceux qui les virent du pays sans pitié.
Clovis : C'était le squatt illégal d'un espace public, par des personnes non autorisées à rester sur le territoire français...et cela depuis des mois. On peut légitimement penser que la CGT avait des raisons d'être exaspérée, surtout en ces temps où la Bourse du travail pouvait avoir une autre utilité... Mais ces raisons ne sont pas le moins du monde présentées par cet article médiocre et partisan.
Ric34 : L'hébergement des sans-papiers n'entre pas dans les missions de la CGT : on peut critiquer la méthode, on peut aussi comprendre le ras le bol de syndicalistes victime d'une occupation trop longue. Lorsque l'Etat n'est plus là pour rétablir le droit, la société sombre inévitablement dans l'illégalité.
Agnès C. : La CGT est aux côtés des sans-papiers. C'est le pouvoir qui a mis dans les pattes du syndicats des familles pour foutre le b...! Le coupable, c'est le gouvernement, qu'il prenne ses responsabilités !Ne nous trompons pas de cible !
Claude D. : Quel article de mauvaise foi. On croit rêver ! Il y est tout juste mentionné que les sans-papiers occupaient depuis 14 mois les locaux de travail de la CGT de Paris, l'empêchant d'organiser correctement la défense de tous les autres travailleurs, y compris les autres sans-papiers. Les évacués de la Bourse du Travail était manipulés par le Ministère de l'Intérieur pour nuire au mouvement syndical et surtout à la CGT. Mais cela le Monde n'en parle pas, devinez pourquoi ?"
De Chossonowsky : Occuper la CGT n'avait aucun intérêt pour les sans-pap'. Au bout de 14 mois de discussion je comprends que la CGT soit passé à la manière forte. En plus ils les avait prévenu. (et pas si forte que ça d'ailleurs)
De dzan : T'as qu'a en prendre une demi douzaine chez toi camarade. Je serai curieux de savoir combien de sans papiers sont hébergés chez les pipeules que l'on voit périodiquement sur nos TV demander la régularisation de TOUS les SP. Chez M. Besancenot par exemple. Même si je désapprouve la façon musclée dont c'est passée cette évacuation, les Syndicats ont besoin des locaux, en pleine crise, où des centaines de gens par jour perdent leur emploi. De toutes façons, on ne pourra pas continuer à acceuillir toute l'Afrique chez nous.
De jim silver : la police, gamin, elle a bien gentimment laissée ces capitalistes sans papiers bloquer la bourse du travail pendant un an…et empéché les syndicats de travailler… t'a cru que être sans papiers c'était obligatoirememnt être du côté des travailleurs ? je suis peut être un fasciste, mais pas un enfant colonialiste : la determination politique ne dépends pas de la couleur de peau ou de l'origine géographique !
Cf. sur Le Monde.fr, l’article de Laetitia Van Eckhout (avec l’AFP).
Cf.sur Rue 89, l'article de Chloé Leprince.
Crédit Photo : © Ernest Morales
Les commentaires récents